J'ai d'abord découvert le travail photographique de Sophie Dieudonné et plus tard, ses céramiques. L'ensemble des dernières œuvres me semble signer une continuité entre ces deux pôles de création entre lesquels elle m'a dit osciller sans jamais pouvoir désormais abandonner l'un pour l'autre. La photographie et la céramique sont, chez cette artiste, réciproquement constitutifs. Les différentes œuvres, qu'elles soient de terre ou de papier, vous font penser aux propos de Louis Ferdinand Céline, alias Bardamu, à son arrivée à New York dans "Voyage au bout de la nuit". La géométrie que Sophie D. saisit et s'approprie est celle d'un espace qui est debout, pas couché comme les villes européennes. Il s'agit d'une architectonique aux lignes roides. C'est New York, dont l'artiste a rêvé et qu'elle a, de toute son intelligence artistique embrassé. Ce corps altier au port céleste qu'est New York est pour Sophie D., une jungle urbaine parfaitement ordonnée et par conséquent rassurante. Elle nous la restitue. C'est aussi le lieu où se matérialise la Beauté pour elle car il abolit à travers sa verticalité toute propension à l'inclinaison. Ses photographies et céramiques révèlent une sensibilité aérienne. La verticalité, étant son parti pris esthétique, invite le spectateur à se laisser submerger physiquement en ceci qu'elle lui fait entrevoir une ascension vers la liberté de l'esprit; celle-là même qu'appellent les lignes de ces créations. Sophie Dieudonné indique à votre imagination la voie pour passer d'un état pesant à la légèreté. Le schème de la verticalité crée, dans cette œuvre, une élévation au sein du psychisme qui irait de l'inconscient au conscient. Tout en plaçant un volume au sein d'un espace contenant une photographie, une œuvre céramique, Sophie Dieudonné résout et apaise l'affrontement entre horizontalité et verticalité. L'horizon est Terre, la verticalité est Symbole d'une dimension spirituelle.